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État des lieux de la fibre optique en France

Fibre Optique

Les raisons pour lesquelles vous n'avez toujours pas la FO chez vous, ou que vous trouviez son déploiement particulièrement lent sont très simple.
Cependant, ces explications vont vite vous perdre si l'on éclairci pas quelques points important avant.

Une histoire de réseau

Nous connaissons déjà deux type de réseaux qui se rapprochent du même mode de fonctionnement que la FO :
L'eau et l'électricité.

Le réseau d'eau est géré par pilotage municipal, mais principalement par DSP (comme la Lyonnaise des Eaux par exemple). Il est installé par la municipalité elle-même et c'est bien entendu la mairie qui paye.
Par contre, l'exploitation de ce réseau est généralement sous-traité, qui devient de ce fait une source de corruption. Les prix sont d'ailleurs assez élevés malgré la croyance que « Le privé c'est moins cher que le publique ». Une grande restriction politique est qu'une DSP interdit toute modification tarifaire de la part des municipalités.

Le réseau électrique lui, est géré par pilotage municipal ou par régie. Sachez que c'est un réseau publique ! ERDF qui s'occupe du réseau de transport par exemple (lignes hautes tensions sur de grandes distances) n'en est que le locataire. Les communes s'occupent généralement du réseau de distribution par régies.
Le bon point, est que c'est économiquement viable. Les pouvoirs publiques n'injectent pas d'argent, c'est même une source de revenus grâce à la location du réseau par les opérateurs et des fourreaux enterrés.

reseauAu final tous ces modèles fonctionnent, on a de l'eau potable à peu près tout le temps avec de rares cas de pollution, ainsi que de l'électricité à peu près partout avec des pannes vite réparées.

Le plus important dans tout ça est que l'on possède déjà le savoir faire nécessaire (qui représente 95 % des emmerdes quand il s'agit de poser de la fibre) ce qui en fait un atout majeur pour le déploiement du réseau.
En effet, chaque municipalités a ce qu'il faut pour gérer ce type de réseau, comme la création ou la maintenance du réseau physique, le raccordement chez le particulier ou encore faire des trous dans le bitume pour enterrer la fibre ou faire de l'aérien (oui, avec le réseau d'eau c'est plus chaud).

Vocabulaire

Réseau d’Initiative Publique (RIP)
Ce que l’autorité de régulation des télécoms (ARCEP) appelle les réseaux d’initiative publique, ce sont les réseaux physiques construits par différentes collectivités territoriales. Le plus souvent des régions, des départements ou des communautés d’agglomération de communes.

Le mode de fonctionnement est à peu près toujours le même. Les pouvoirs publics investissent, souvent avec un partenaire privé, pour construire un réseau couvrant tout le territoire (parfois seulement les zones non-couvertes par l’ADSL). En général le partenaire privé (qui est en fait souvent une filiale montée pour l’occasion) reçoit une DSP pour l’exploitation du réseau fraîchement construit.

Délégation de service public (DSP)
Schématiquement, le mode de fonctionnement de ces opérateurs (qui sont des délégations de service public) est toujours à peu près le même : le délégataire se voit en général imposer des tarifs qu’il ne peut pas modifier, par contre il ne peut pas refuser de vendre des accès à un opérateur qui en fait la demande.

Le délégant, pour sa part, recevra une rentre sur les accès fournis, ce qui permet à la collectivité territoriale de rembourser son investissement. À la fin de la DSP la totalité du matériel (fibres optiques, routeurs, antennes diverses, etc) revient au délégant. les concessions ont pour la plupart des durées assez longues, de l’ordre de 15 ou 20 ans.

Du coup, ce type de fonctionnement garanti la possibilité – théorique – qu'un opérateur modeste puisse intervenir sur ce réseaux là pour y fournir des accès et ce, à des conditions convenablement égales avec les gros fournisseurs d’accès commerciaux. Jusque là, on peut se dire que l'idée est bonne.

La seule barrière tarifaire, sur certaines DSP, est le ticket d’entrée. C’est-à-dire le prix à payer pour que ce modeste opérateur soit raccordé au réseau en question, avant toute commande d’un accès pour un adhérent. Sur certaines DSP il n’y a pas de ticket d’entrée, mais c’est plutôt l’exception.
Le plus habituel est que le ticket d’entrée soit très faible, de l’ordre de quelques centaines d’euros. Parfois il arrive que ce soient des montants très élevés, de plusieurs milliers d’euros. Sur de tels réseaux, ce nouvel opérateur n’aurait bien évidement pas les moyens d’intervenir.

Réseau de collecte
C'est le contraire du réseau de distribution qui en ADSL est en fait la ligne qui part de chez vous jusqu'au central téléphonique (le DSLAM)

Le réseau de collecte relie tous les centraux téléphoniques entre-eux par FO. À savoir que chaque central téléphonique irrigue pas loin de quelques dizaines voir centaines de millier d'abonnés avec des lignes téléphoniques (ce fameux réseau de distribution). A l'heure actuelle, les RIP sont quasiment tous en DSP, servant uniquement à monter des infrastructures de collecte.

Le bitstream ou « offre allumée »
Commençons tout d'abord par l'offre passive, qui est en fait le « dégroupage total » en ADSL. L'opérateur loue au propriétaire du réseau un « fil nu débranché » de part et d'autre entre le central téléphonique et l'abonné. On trouve ceci dans les petites régions.

Dans l'offre allumée (ou bitstream) l'opérateur gère l'ensemble, comme les branchements sur le réseau de dégroupage ou encore acheminer le flux de donnée sur le réseau de collecte, puis de l'amener autre part comme un point de collecte régional ou national. On retrouve cela généralement dans des régions assez grande.

(Sources : http://www.fdn.fr/Reseaux-d-interet-public-et-DSP.html)

Le combat des gros contre les petits

David vs GoliathD'abord, un petit tour sur l'état des RIP. Ils sont principalement utilisés pour faire du dégroupage, c'est notamment grâce à eux que le dégroupage de l'ADSL s'est fait pratiquement partout en France quand Orange n'avait pas envie de venir et quand les opérateurs alternatifs ne pouvaient pas y aller non plus. Car c'est bien beau de poser un équipement au milieu de nul part, il faut bien cependant acheminer les données sur un réseau un peu sérieux (donc avec au minimum de la fibre).

Ce sont également les RIP qui ont financés la construction d'un réseau fibre entre tous les centraux téléphoniques. Car FT était principalement dans les grandes villes et a pu amasser un bon petit capital, ce qui lui a permis d'investir bien plus tard dans les zones ou ils n'avaient pas l'intention d'aller au départ. Donc au final, nous (et oui, quand c'est la région, c'est votre pognon) avons financé un réseau pour que FT (et les 3 autres gros) l'utilisent pour leur propre business

Ce qui dans la pratique, nous donne un système relativement fermé, voyons pourquoi :
Rappelez-vous, une des contraintes de l'article L1425-1 concernant les DSP est qu'il impose que, quand la puissance publique déploie un réseau, les conditions (financières) d'accès à ce réseau soient les mêmes pour tous les opérateurs et soient accessible à tout ceux qui en font la demande (normal, c'est un service publique, tout le monde y a accès).

Pour ce faire, plusieurs contrats sont disponibles.
Vous pouvez par exemple accéder à toute une région d'un coup pour 18 M€ grâce à un cumul d'offres passives, ne vous laissant plus qu'à poser vos équipements. Il est clair que ce Business Plan n'a été construit que pour accueillir les plus gros, le prix de construction du réseau est alors facile à calculer : 4 gros opérateurs multiplié par 18 M€, moins la part des puissances publiques.

Vous trouvez aussi des contrats de DSP avec des offres bitstream. Grâce à la loi 78-753 de 1978 qui amène à une simplification des relations entre l'administration et les administrés (Commission d'Accès aux Documents Administratifs), l'accès à un document publique ne peut pas vous être refusé (par exemple la copie du Contrat de délégation de service publique de votre ville). Pourtant, la plupart des administrations ne semblent pas très coopératives à fournir les-dits documents pour des raisons inexpliquées, voir même de mauvaise volonté pour certains qui feignent ignorer la-dite loi citée plus haut.

Voici des exemples opposés de deux RIP précurseurs qui font de la fibre :
PAU, disposant d'une technologie pas très bonne datant de la fin des années 90, basé sur une DSP assez fermée (ça ce passe entre copain à la mairie).
AIN, qui eux sont arrivés tard sur le réseau (vers 2008). Déployé dans toute la région, ils fonctionnent en régie (celle de l'électricité), continuent à ce jour de déployer le réseau et sont assez ouvert.

Composition du cahier des charges de la Mission Très Haut Débit

Ils nous l'on promis ! Couvrir la France en FO !

D'abord ce fût Nicolas Sarkozy qui, dans son élan avec le « Grand Emprunt » (à l'époque de la crise) avait un pan entier consacré au numérique puis confié à Nathalie Kosciusko-Morizet, ou 2 G€ servaient à financer les services (le cloud quantique à la française et autre niaiserie inutiles) permettant à des PME – comme .. Orange – de se remettre en course puis 2 autre G€ pour l'infrastructure (déployer le réseau FttH). Mais les mécanismes d'attribution de cette somme ont heureusement changés avec le changement de gouvernement.

François Hollande a donc lui, de son côté, lancé la MTHD dans les jupons de Fleur Pellerin alors ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique; alors que ça aurait tout aussi bien pu atterrir dans le redressement productif (alias « industrie ») car les télécom y sont généralement rattachés. Cette mission se compose d'une petite équipe chargée de définir les conditions dans lesquels on va distribuer un certain nombre de milliard d'euro pour fibrer la France.

Les bons points du cahier des charge de la MTHD sont qu'enfin, il existe un document officiel de ce niveau à envisager la fin du cuivre (il est bien écrit partout « fibre optique »). Il apparaît techniquement bon. En effet, il est rare qu'une instance gouvernementale produise un contenu d'une telle qualité pour ce genre de sujet, habituellement on trouve plutôt ça à l'ARCEP.
De plus, le gouvernement met de l'argent sur la table dans des proportions qui ne sont pas débiles (On a besoin de 30 G€ pour fibrer la France, là ils en apportent 20). Les règles de financements sont biens pensées, assez carrées (fonctionne avec le Taux de ruralité et le Taux de dispersion, majoré dans les DOM/TOM). Ils sont pas là pour financer une autre techno (ex: l'ADSL).

Les mauvais points (hélas il y en a) se portent plutôt sur l'AMII. A cause de cette convention, la puissance publique déploie uniquement là ou la puissance privée ne veut pas aller. Si un opérateur signe une convention (qui l'engage pas à grand chose) de hypothétiquement venir fibrer un jour en commençant dans 3 ans et en finissant 6 ou 7 ans plus tard, la puissance publique s'interdit d'investir. C'est à dire qu'au bout de 9 ans, si vous habitez dans un patelin en raz campagne et dans une zone ou la collectivité territoriale n'a pas voulu investir, on pourra enfin demander à la puissance publique d'aider.

Donc tout tourne désormais autour d'Orange et Vivendi, sans contre-partie. Il aurait été plus juste de dire « Ok, je m'interdit d'y aller, mais en échange je veux du blé » car à la place ce sont les impôts locaux qui financent cet effort.

À noter aussi, les règles de financement des RIP :
Les conditions écrites ne font référence qu'a des offres passives (donc limité aux gros). Ainsi, si votre projet est à une échelle plus grande qu'un département (typiquement une région) vous aurez droit à un bonus dans le financement.
Les conditions non-écrites quand à elles, insinuent que si votre projet couvre une zone ou un opérateur ne veut pas venir, il vous faudra tout de même être « approuvé » dans un modèle économique et technique par les grands opérateurs pour être financé par l'état. À la base, l'état ne voulait financer que les projets rentables et dans un sens, ça peut ce comprendre.
Parmi les grands opérateurs, on peut éliminer Numéricable, Free et Bouygues. Il ne reste donc que SFR et Orange. Ce qui veut dire que l'état dit aux collectivités de financer – de leur poche (et un tout petit peu quand même de celle de l'état) – les réseaux en zone « pas rentables », et de le faire dans les conditions que Orange exige. Délicieux non ?!

Externalités positives

Les externalités positives c'est tout ce qui arrive de bien mais qu'on ne saurait pas quantifier de manière fiable.

routeExemple :
Je construit une route. Ça va faire vivre les ouvrier du BTP qui vont la construire ainsi que les cantonniers qui vont l'entretenir. Autour de la route vont s'implanter des habitations, ce qui apporte de la valeur à la zone géographique ainsi que des impôts. Vont s'implanter aussi des entreprises ce qui va réduire le chômage.
On comprend ainsi qu'il est difficile de prétendre que, parce que j'ai construit cette route, alors cette boulangerie à pu exister et donc elle me doit un petit quelque chose.
Mais pourtant on sait que sans cette route, cette boulangerie ne serait pas là.

Quand on regarde ce que va rapporter un réseau, on regarde bien entendu du côté des externalités positives. A l'heure actuelle, les zones ou il n'y a pas de haut débit sont des zones sinistrées !
Vous n'iriez pas louer un logement qui n'a pas d'ADSL comme vous n'iriez pas louer un logement qui n'a pas l'eau courante.
Le fin fond de la France c'est bien joli, mais s'il n'y a pas d'ADSL, ni de transport en commun ni de boulot, faut pas s'étonner qu'il n'y ai plus personne dans les campagnes.

Tout est visiblement dans la manière de fibrer.
Quelque soit la façon de fibrer la France, ça amènera des possibilités. Ça peut aussi devenir un réseau tout fermé et tout pourri version Internet par Orange (par exemple vous avez accès à FB vu qu'il y a eu un accord commercial de signé mais pas à YouTube parce qu'ils n'ont pas voulu). Si le marché se cantonne à deux opérateurs sur le territoire, il n'y a aucun bénéfice direct au fait de poser la fibre.

Compétences clés en matière de réseau

  1. Le réseau (routage, mise en place)
  2. Vient ensuite l'hébergement juste derrière (Web, Développement d'application Web)
  3. Puis arrive tous les autres (Création numérique, application pour bidulophone, application FB)

Il y aura plus d'ingénieurs réseau et de développeurs autour des opérateurs et des salles d'hébergement qu'à côté d'une boulangerie ou d'un cabinet d'avocat. Si la seule manière d'être opérateur (pas d'inter-connexion ailleurs) c'est d'aller à Paris, toutes les entreprises qui ont des compétences dans le numérique iront là-bas. Pareil pour la pose d'ordinateur dans une salle d'hébergement.

L'intention de développer économiquement les campagnes tombe à l'eau. On aura tous les bénéfices du HD comme l'accès à la culture et à la liberté d'expression (ce qu'on fait déjà maintenant, mais en moins vite) mais les compétences n'auront pas eu la possibilité de naître ailleurs que dans les grandes métropoles. Le cahier des charge de la MTHD insiste trop lourdement sur le fait qu'ils ne financent que l'infrastructure passive. Si on veut un tissu économique, alors qu'il faudrait certes, des infras passives pour relier les logements entre-eux mais il faut également des offres Bitstream pour que les petits puissent survivre. Il faut également que soit prévu, des salles d'hébergement (publiques/privées on s'en fout) pour héberger une quelconque activité numérique sur des serveurs autre que Google ou Paris.

Ce que nous propose le gouvernement, c'est un réseau exclusivement passif (donc la garantie que seul les gros opérateurs pourront venir car cela revient à équiper tous les centraux FO d'une région).

Un exemple en chiffre (imaginaire) :
La région Aquitaine souhaite fibrer. Elle va devoir sortir 2 ou 3 M€ à poser sur la table pour acheter quelques millier de switch, qu'il faudra aller câbler dans les baies ou alors louer l'emplacement dans chacun des centraux. Une fois tout ça posé, on peut prendre le 1° abonné (qui ne sera que de la région).

C'est au final cela reste un système centralisé mais à l'échelle d'une région car chacune fait sa petite loi, alors qu'avec une multitude d'acteurs plus modeste le problème n'est plus.
Toutes les offres du catalogue sont les mêmes pour tous les opérateurs mais si l'offre débute avec quelque chose du genre « Minimum de commande : 5 % des lignes de notre réseau » ça devient un autre bon moyen de s'assurer que les petits opérateurs ne viendront pas.

Quelques manques

dislikeCes manques ne sont pas des choses qui sont interdites, mais simplement des choses qui ne sont pas cités comme étant obligatoire et qui bizarrement, faisait grogner Orange & Co (je vous laisse faire le lien avec l'un des paragraphes suivants).

Le Système d'Information Géographique (SIG) commun. Il sert à dire à un (futur) abonné s'il est éligible à une offre qu'on possède (ici ce sera donc la fibre). Pour le moment, aucun document standardisé à l'horizon, tout le monde doit monter ses propres fiches lui-même, ville par ville.

Le chemin est le suivant : Est-il raccordable à la fibre (Oui/Non). Est-il dans une zone conventionné AMII ?
Si oui (Donc réseau privé et non pas un RIP), quels sont les opérateurs qui ont dit qu'ils viendrait puis arriver à les interroger pour savoir si bien sûr ils ont mis la fibre et s'ils ont une offre à nous faire pour pouvoir la louer.
Si non (Donc certainement un RIP), fabriquer un système d'inter-connexion sur les SIG de chaque RIP.

C'est complexe pour rien alors que la question est simple. Je fourni un code postal ou une adresse et on me répond Oui ou Merde. Si Oui, on peut même rajouter le nom de l'opérateur, le numéro de la prise et voir même un p'tit lien pour commander la ligne. Malheureusement, il n'est pas prévu par le gouvernement que ceci soit standardisé, normalisé ou systématisé.

Autre manque : Le Système d'Information Commercial (SI Co). La procédure pour passer une commande à un réseau n'a rien à voir avec la procédure pour passer la même commande sur le réseau d'à côté.

La possibilité de voir apparaître un nouvel opérateur national est nulle. Seul les grands auront la possibilité de s'offrir ce genre de luxe (35 M€) qui regroupe une soixantaine de SI Co.
Imaginez maintenant un logiciel libre développé par la puissance publique et partagé entre les régions regroupant tous les SI Co, voir qu'ils aient la même gueule en plus, ce serait formidable !

Ce qu'il manque aussi, ce sont les offres bitstream, trop absentes du texte. Pourtant, le rappel des directives européennes est clair. Sur un RIP, si un opérateur demande qu'il y ait une offre de collecte et qu'elle est raisonnable, alors le RIP à l'obligation de fournir cette offre. Il suffit de dire que, raisonnable c'est « je m'engage à commander 50 mille lignes » et c'est réglé, personne ne le fera ! L'offre aurait pu être considérée raisonnable quand le nombre de ligne est le même que sur l'ADSL, mais cette approche ne va certainement pas être retenue (on se demande pourquoi)... Il faut pourtant des points de peering en région et actuellement, tout passe par Paris.
En comparaison , le réseau ferroviaire est beaucoup mieux décentralisé que le réseau IP. On a des chances (sans prendre le TGV) de faire Bordeaux → Nantes sans passer par Paris.

Pour éviter ça, il faut des nœuds d'inter-connexions en région et l'idée de créer des nœuds d'inter-connexion en même temps qu'on déploie de la FO n'est pas bête. Si l'on compte, il faut 20 G€ pour le déploiement de la FO puis quelques dizaine de M€ en fourniture d'une offre bitstream et de nœuds d'inter-connexion, cela paraît tout de même atteignable.
Quitte à créer 40 nœuds d'inter-connexion en France , il serait bien de les connecter entre-eux. Déployer un réseau capillaire en FO pour couvrir les habitants, puis utiliser les réseaux de collectes existants utilisés actuellement pour l'ADSL (une fois sur 2 payé par la puissance publique) pour enfin s'assurer de l’existence d'un réseau de transport national (privé et/ou public) en multipliant les opérateurs spécialisés dans ce type d'accès (ça existe déjà, même en France).

Tout ceci fait partie de l'aménagement numérique du territoire. Pour l'instant ça ressemble plus à de la subvention pour FT. Sachez toutefois que toute l'île-de-France est en zone d'AMII donc il ne ce passera plus rien là-bas durant les prochaines années.

La marche à suivre

Pour faire avancer les chose, il faut essayer de voir des gens pour en parler.
Les « hauts politiques » en partant des Présidents de Régions jusqu'en haut sont à exclure, les Chargés de Mission quand à eux sont de bons interlocuteurs. Leur faire comprendre que nous sommes d'accord pour faire financer l'infra passive par le gouvernement, mais que si ils veulent du développement économique dans leur région il faut autre chose en plus de ce qu'ils ont prévu.

FDN fourni de l'accès à internet bien avant que les Pouvoirs Publics (PP) ne s'en mêlent. Dans la tête des PP, internet existe depuis que ARCEP s'y intéresse.

Tout est fait pour qu'il n'y ai aucune offre FO intéressante. Il faudrait donc connaître le nom du RIP de son département / sa région, leurs demander de vous fournir au pire le contrat de DSP et au mieux la grille des tarifs vu que validé par la puissance déléguante (visible dans les comptes rendu des votes issues de l’assemblé du conseil régional), rappelez-vous, ce document qui ne peut pas vous être refusé !

Le principal problème est que les déléguants ne font pas leurs boulot car si un délégataire refuse de signer un contrat ils ne se bougent pas plus que ça. Le délégataire signe les contrats qui l'arrange en parfaite contradiction de sa mission de service publique, il estime souvent qu'il possède son petit catalogue tarifaire de service privé qu'il envoi #OuPas à ses clients opérateurs car … « ça appartient au secret des affaires ». Ce n'est pas leur réseau (privé), c'est notre réseau vu qu'on paye des impôts, nous sommes les citoyens, nous avons élu tous ces braves gens qui ont délégué ! Pour rappel, les entreprises payent des impôts

mais ne votent pas !! Voici en grande partie la raison pour laquelle ça fonctionne très mal aujourd'hui

Ce qu'il faut en retenir c'est que même si la FO n'amènera pas à elle-seule les campagnes à se repeupler, ça sera toujours mieux que sans.

Une histoire de territoire

ControleMais alors, pourquoi l'état organise-t-il tout cela ? A qui profite le crime ?
Depuis le modèle ADSL, l'ARCEP croit encore que sa mission est d'encadrer l'opérateur puissant (FT) pour éviter qu'il écrase les nains, donc reproduire ce modèle là à celui de la fibre leur convient très bien vu que c'est ce qu'ils savent faire. Après, savoir si ce modèle est le bon ou pas n'est pas une question à l'ordre du jour, de toute façon, en changer « serait trop compliqué ». L'ARCEP n'ayant pas encore compris qu'elle devait en fait réguler un marché ou il y a des centaines d'acteurs.

Orange a beaucoup d'anciens cadres à Bercy, plus que n'importe quelle autre corporation nationale. Donc l'opinion de FT est largement distillée de manière très présente dans les décisions parlementaires. C'est de là par exemple que vient l'idée de fond de notre gouvernement qu'il faut défendre (ou tout du moins ménager) notre champion national en ces temps de crise.

Une chose à savoir, c'est que dans le monde des télécom, la puissance publique n'est pas souveraine. Une loi ou une décision qui ne plaît pas à un des gros opérateurs peut être attaquée. Dans la mesure ou les textes européens sont assez cadrés, une décision prise par un état se verra pratiquement toujours cassée par l’Europe.
Orange s'est d'ailleurs fait une spécialité d'attaquer tous les RIP qui lui déplaise quand sa candidature pour devenir DSP n'est pas retenue, partant en une guérilla juridique qui coûte une fortune et qui fait prendre un énorme retard à la collectivité qui avait probablement déjà commencé à déployer son réseau.

Cet article s'appuie en grande partie sur l'excellente conférence de Benjamin Bayart à ce sujet